
Un livre sur le deuil, la douleur et les décisions à prendre
Agnès De CLAIRVILLE, La route des Crêtes, Phébus, 2025, 182p
La route des Crêtes raconte l’histoire d’un couple qui traverse son histoire d’amour à bord de vieilles voitures anglaises, écoutant Pat Metheny et photographiant les champs de bataille de la Grande Guerre. La route des Crêtes c’est celle sur laquelle l’homme, un séduisant médecin martiniquais, trouve la mort à bord de sa Lotus fracassée contre un platane, quelques semaines à peine après le début de grossesse de sa femme. Plus métaphoriquement, La route des Crêtes, c’est celle qu’Agnès de Clairville emprunte et trace pour nous raconter le deuil, la douleur et les décisions à prendre.
Il y a, entre la lecture du livre et les voitures dans les circuits automobiles, un rapport étroit. On lit vite, on refait plusieurs fois les boucles entre présent et passé, on prend les virages serrés et on respire devant l’espoir d’une ligne droite.
Mais cette envie d’aller vite ou d’aller de l’avant vient d’autre chose encore : de la qualité de l’organisation du récit ; de l’histoire d’amour fauchée mais déjà fragile ; d’une narration ancrée dans l’actualité des attentats du 11 septembre ; d’un récit de l’intime des familles et des couples.
Ce texte longe la ligne de crête de la vie et explore la fragilité et la force des liens. Se pourrait-il qu’il soit aussi un trait d’union, un relais, entre ce que nous perdons et ce que nous trouvons sur la route, lorsque nous avançons dans la vie avec les vivants ?
Extrait :
« Maman me dit qu’il est mort. On ne peut pas voir le corps pour l’instant. Je reste assise sur le canapé qu’on a chiné aux puces l’an dernier, à ressasser cette impossibilité. Le canapé club dont il rêvait depuis des lustres. Je passe ma main sur le cuir abîmé. Ce n’est pas possible. «
Par Nadine Brunelot | 7 mars 2025