Jón Kalman Stefánsson, « Mon sous-marin jaune «
Le dernier livre de Jón Kalman Stefánsson, « Mon sous-marin jaune « , est une plongée dans les eaux de la mémoire.
Bien sûr ce livre raconte une histoire. Celle-ci commence pas une rupture. Un jeune garçon de sept ans vient de perdre sa maman. Il l’apprend dans la voiture de son père qui, les mains crispées sur le volant, lui annonce le drame par une phrase. Une phrase sans explication, sans accompagnement, sans tendresse. Une phrase trempée dans l’acier froid de la réalité.
Nous sommes en Islande et dans la langue d’un des très grands auteurs contemporains. Nous sommes en 1970 puis en 2022. Nous sommes avec les vivants et les défunts.
Partout, nous allons partout. Les phrases et les paragraphes virevoltent et s’ enchevêtrent. Nous lisons en spirale des histoires de personnages qui apparaissent et réapparaissent cent pages plus loin. Ils nous deviennent familiers. Familiers, ce couple de personnes âgées chez lesquelles l’enfant se réfugie, cette belle mère mutique parce qu’elle vient des Strandir qui ne sont que montagnes et silence, cet ami d’enfance qui part exhumer des tablettes sumériennes en Mésopotamie, cet ancien écrivain devenu chauffeur de taxi…
Nous sommes aussi dans une musique. Celle des Beattles, de Bowie, de Rod Steward … célébrités qui deviennent des personnages littéraires et des présences fortes dans le livre. Force de l’imagination qui élève les idoles au statut encore plus supérieur de personnages inoubliables.
Nous sommes aussi dans le sous-marin jaune des Beattles. Yellow submarine. Celui dans lequel tous les hommes vont chercher le calme. Ce lieu caché ressemble à un sous sol de bibliothèque, aux souvenirs d’enfance de l’auteur ou encore à son cimetière secret.
Kalman Stefanson exhume et fait resurgir son passé dans un recit biographique et fictif. En rupture avec les ouvrages précédents, « Mon sous-marin jaune », est un écheveau de pensées et d’histoires qu’il aurait aimé dire à Paul MC Cartney assis dans un parc londonien. Finalement c’est à nous qu’il fait une jolie confidence sur la vie . Lucky we are…
(Nadine BRUNELOT)
» Vivre c’est répondre présent et celui qui le fait enrichit le monde. Il lui ajoute une valeur qui ne saurait être mesurée, des choses que nul ne saurait vous ôter, et qui font que vous n’êtes jamais tout à fait seul. »